lundi 9 janvier 2017

COMBIEN DE TEMPS LE FÛT DU CANON MET-IL POUR REFROIDIR ?*


ou

Comment peindre les servants d’une batterie de canon de 75 français à Flames of War

INTRODUCTION


Ma liste d’armée à Flames of War étant une compagnie d’infanterie française, il me semblait incongru de ne pas aligner au moins une batterie de canon de 75mm modèle 1897 qui fut en son temps le « nec plus ultra » de l’armement. Certes, en 1940, ce canon a déjà une bonne quarantaine d’années derrière lui mais ses qualités intrinsèques en font toujours une arme redoutable surtout en anti-fantassin et avec des capacités Anti-char qui ne sont pas négligeable pour la période Early War.

"Accueillir au 75, c’est maintenant"
Batterie d’honneur de 2 pièces tirant 21 coups pour l’investiture de François H. le 15/05/12. Il a fallu sortir les 2 derniers canons de 75 du musée de l’artillerie de Draguignan et acheter les munitions à blanc aux USA… Ça commence bien le mandat…


Dans le jeu Flames of War les carac’ du « glorieux » sont assez bonnes :

Seul son « Rate Of Fire » (ROF) de « 2 » me semble un brin léger pour une pièce capable de « cracher » 20 coups par minutes en moyenne et jusqu’à 28 en mode « urgence »  un rof de 2 c’est autant que le « 88 » allemand qui a en plus en option la capacité de monter à 3... Mais trêve de « lyonnaiseries »…
  

I) AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE PLOMB



Quand Frontex avait de la gueule...

La boite de base batterie d'artillerie de 75 mm (rèf FRX02) étant épuisée chez BattleFront (BF), j'ai donc commandé la boite de batterie d'artillerie de 75 Tirailleurs (FRX07) (Tirailleurs : comprendre troupes coloniales/Nord-Africaines/Moyen-Orientales).


La différence entre les 2 me demanderez -vous ? Aucune mon capitaine ! Si ce n'est que les servants ne sont pas identiques : Outre les poses qui sont souvent plus dynamique chez les Tirailleurs, la différence se fait sur le port ou non de la capote (voir chapitre suivant)

J'ai donc complété avec un "blister" de servants d'artillerie en capote (FRO100) : 

D'abord on procède à la « selektion » des figurines :
Faites vot' choix M'sieurs Dames ! Il est beau mon militaire ! Il est beau !
(résultat du mélange en vrac de toutes les figurines)

La forge de la Revanche
Puis on applique la Sainte Trinité : ébarbage - limage - dégraissage (eau chaude + savon de Marseille à la brosse à dent usagée et un bon rinçage).

Le limage des figurines est assez conséquent, notamment la réduction/diminution des bases qui sont parfois très variables d'une figurine à l'autre et souvent assez épaisses. D’autant que la qualité du moulage des figurines françaises de BF ne va pas en s’arrangeant, mais j’aurai l’occasion de revenir sur ce problème lorsque j’aborderai ultérieurement mes canon Anti-char et Antiaérien de 25 mm.

A Droite une figurine achetée il y a 2 ans ; a Gauche, une récente : Les détails s'estompent, les reliefs s'arrondissent et il y a même des petits trous ou des traces de bulles sur certaines figurines... Il va être temps de refaire les moules français chez BF...

II) L'IMPORTANT C'EST D’ÊTRE COUVERT


Donc, l'un des intérêts de commander ces deux boites était d’avoir un maximum de variantes de figurines de servants. En effet, lors de mon travail historique préparatoire (j'accorde une grosse importance à l'historicité de mes unités) j’ai constaté que les artilleurs pouvaient être en capote ou non. De plus cela permet de "casser" le coté répétitif des socles.

Sans capote (servants d’un canon de 155C  m1917 Schneider identifiés comme secteur de Sedan lors des journées décisives des 13-14 mai 1940)

 
Avec capote (servants d'un canon de 75)

Mais il est vrai que le port ou non de ce vêtement dépend, bien entendu, des conditions climatiques. En tout cas beaucoup de photos prisent par les bo… pardon, les Allemands, montrent  nos « pioupious » qui en sont équipés malgré la saison : on les comprend, la prudence étant mère de sureté et le confort des stalags inversement proportionnel à la durée du séjour.
 
Prisonniers français poussant un "bren carrier" britannique, vêtu de leur capote alors que nous sommes en plein mot de juin ! Cette photo et la suivante concernent la bataille de Dunkerque.

Le 2ème en partant de la gauche est un artilleur reconnaissable au triangle rouge sur le col de sa vareuse.
Une sélection de figurines en capote



 
Un sélection de figurines sans capotes. Notez la qualité supérieure de ces dernières par rapport aux précédentes.
Le résultat :
La Batterie se compose de 4 pièces, 1 unité d'état-major, 1 unité QG, 1 unité d'observateurs.
D'après les standard FoW chaque pièce est accompagnée de 5 figurines mais dans la réalité il y a avait 1 chef de pièce et 6 servants. J'ai donc décidé de mettre 6 figurines par socles (plus serait trop serré par rapport au socle), histoire d'avoir de la marge et de voir l'effet (qui peut le plus, peut le moins)
Une équipe servant un canon de 75 se compose :
Outre un chef de pièce
_ Un tireur sur un siège à droite ; il ouvre et ferme la culasse et change la hausse
_ Un pointeur sur le siège de gauche et change la dérive
_ Un chargeur derrière le pointeur 
_ 3 servants travaillent derrière le caisson, 2 pourvoyeur et 1 "déboucheur". Le "déboucheur" règle la combustion de la mèche interne pour obtenir l'éclatement de l'obus au moment voulu (par exemple au dessus de la tranchée ennemie).

    

III) PAINT IT BLACK !


Après ce loooooooong prologue, "avocat, passons au déluge", c'est-à-dire à la peinture. La sous-couche s'obtient par application à la brosse, sans trop de réserve, d'une couche de Surface Primer  (rèf 70.602) de la marque Vallejo.




 Mais je vous entends déjà : pourquoi pas à la bombe ? Et bien parce qu’après plusieurs essais (et je vous prie de croire que je me suis appliqué) et bien sur le 15 mm, le résultat n'est pas fameux : les zones masquées (ex les aisselles, le dessous de la tenue) ne sont pas touchées ou insuffisamment et parfois la figurine reçoit trop de peinture. Sans parler des conditions météo propre aux tropiques qui compliquent encore la manœuvre. Bref, pour les véhicules, oui, pour les bonhommes, non.

Le résultat. Vous pardonnerez la mauvaise qualité de l'image. J'ai même du mettre le flash pour que l'on aperçoive un peu de relief. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir...


IV LES COUPS ET LES COULEURS, CA PEUT SE DISCUTER.


Abordons maintenant le cœur du problème : la couleur principale  de l'uniforme. Je vous entends déjà, bande de militants anti-nationaux, "qu'est ce ça peut f..., t'appliques du marron militaire et pi c'est tout !". Seulement voilà, il y a marron et marron (et pas seulement ceux que l'on donne, que l'on reçoit et que l'on mange).


Pour reprendre un vieux post ou j'avais (très mal) abordé ce problème, il y a bien "le guide officiel FOW du peintre aux armées françaises" alias "The French Painting Guide" fourni par BF. Lorsque j'avais attaqué vaillamment ma première section d'infanterie (en bon français on dit section et pas "platoune") j'avais suivi à la lettre les conseils de peinture...

Autant dire que le résultat fut très mitigé (et je suis gentil)


Bon nombre de coloris choisis correspondaient peu voire pas du tout avec les teintes historiques. En particulier celles de la gourde (de la même teinte que l'uniforme en fait et pas german camo beige !), de la musette (2 sangles), de l'étui à masque à gaz (1 sangle blanche), du cuir de la ceinture et des cartouchières ( encore german camo beige ???!)... le pompon revenant au sac ("pack") qui n'existe pas sur les figurines !
3 demi-groupes de combat d'infanterie (ou peloton) dont 2 demi-groupes d'appui-feu (ceux avec le tireur au Fusil-Mitrailleur 24/29 allongés) et 1 demi-groupe (ou escouade) de grenadiers lanceur VB (lance-grenade Vivien-Bessière). On remarquera qu'aucune figurine ne porte le fameux "pack"...
Cette photo et la suivante : à gauche, "l'appartement témoin" selon BF, à droite selon mes corrections








Bref, j'ai passé beaucoup de temps et dépensé beaucoup d'énergie pour essayer de (re)trouver les bonnes couleurs (en sachant que je n'ai pas accès à la richesse des magasins de miniatures métropolitains et que bien souvent la teinte affichée sur les sites internet varie un peu de celle du pot une fois sèche).

V) "Ma capote c'est Nénette, mon bidon c'est Rintintin"

("On est jamais seul", Fernandel, 1939)

J'ai donc écumé la toile à la recherche de précieux conseils, notamment pour reproduire le plus fidèlement possible la teinte des uniformes français.
Et comme si cela n'était pas assez compliqué, j'ai constaté que s'il y a bien quelque chose qui n'est pas uniforme dans l'armée française, c'est bien la couleur principale de la tenue. De "jaune moutarde" à "terre mat" en passant par "marron kaki" et "brun beige", c'est pas encore "united colors of pioupiou" mais presque. L'explication ? Et bien chaque fabricant a bien mélangé les bonnes teintes mais pas dans les mêmes proportions, sans oublier l'usure qui rend les couleurs moins foncées avec le temps.


Les photos couleurs prises par l'armée allemande ont été une bonne aide pour me faire une idée :

Et c'est toujours le bord... que ça soit une colonne de prisonniers en 40, dans le métro ou pour monter en classe...
Photo et sa précédente prise par Hugo Jaeger, photographe personnel du "petit brun à moustache". Un des rares à utiliser la photo couleur à cette époque.

Comme on le voit sur ces 2 clichés, on a au moins 2 teintes différentes d'uniforme, sinon 3.

Aufinal, entre l'étude et les conseils sur internet, j'ai sélectionné 3 couleurs pour peindre les uniformes :
_Green brown (Vallejo Model Color 70.879)
la "teinte officielle" de BF
_Cuir Cobra (Prince August Games G40)
_English Uniform (Arg... mon Dieu qu'ai-je fais ?!) (Vallejo Model Color 70.921).





Après cette annonce traumatisante, j'ai besoin de repos.

LA SUITE BIENTÔT

4 commentaires:

  1. Bon retour sur THE blog.
    Un gros travail historique. Si tu passait plus de temps sur les règles et moins de temps sur ces petit détails... ( on croirait entendre Dimitri). Mais c'est très intéressant de comprendre ce qui te motive à fow.
    Cest La peinture et avoir une liste d armee historique jusque dans le moindre détail.
    En gros tu jours pour le fluff et c'est très très louable.
    J en profite aussi pour te dire que j ai bien vu ta lyonnnaiserie qui m a bien fait rire.
    Hâte de voir la suite.
    Ca me fait un cours aussi sur le canon français.

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  2. Un super article! Bien écrit, intéressant même pour moi qui n'ai jamais été fasciné par les détails histo. La suite vite j'espère!

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  3. Le saint graal de la teinte parfaite… Que dire si ce n’est « Poï poï misère » ?

    C’est une quête difficile, laborieuse, réservée aux initiés, et source de débats sans fin. Pour ceux qui pensent que les joueurs historiques en font un peu trop, vous n’avez pas vu les maquettistes…
    Tout d’abord, la photographie couleur à l’époque n’est pas parfaitement fidèle avec les teintes, et surtout, les clichés vieillissent, avec des jaunes qui disparaissent assez vite, donnant un filtre bleuté au tout. Le calibrage des moniteurs sur lequel les photos sont vues a lui aussi son importance.
    Il faudrait donc, pour avoir la teinte exacte, soit un échantillon de peinture, ou de tissu d’époque, ou un nuancier, le tout bien conservé, évidemment.
    Est-ce que certains iront pousser le vice jusque-là ? Je vous ai parlé des maquettistes ?

    Les photos et croquis, même d’époque, sont donc déjà des approximations, mais comme souligné, dans la pratique, la teinte réelle change selon le fabricant, et l’usure, notamment au soleil. Les photos illustrent très bien cette variance dans les tons.
    Pareil pour l’équipement, la 2° photo prise par M. Jaeger montre les soldats au premier plan avec une bandoulière vert clair, assez proche des couleurs Battlefront, tandis que celui tout à droite est proche du beige clair utilisé par Cyril.
    Pour coller réellement à la réalité historique, il faudrait donc un mélange hétéroclite et aléatoire de teintes d’uniformes, avec des couleurs d’équipement variables, et je ne parlerais même pas de l’effet d’échelle sur les couleurs.

    Le schéma BattleFront n’est pas si éloigné que ça de certaines photos, mais clairement simplifié. A mon avis, ils avaient une armée complète à peindre, et pas qu’une seule, pour la sortie du bouquin, ça expliquerait les raccourcis…

    Bref, en ce qui me concerne, c’est beaucoup d’efforts pour pas grand-chose finalement, et je vais arrêter le pavé, je dois aller vérifier l’emplacement des insignes nationaux sur les tanks américains de la période décembre ’44 à janvier ’45 avant de poser les décalcos sur ma compagnie de Shermans.

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  4. Joli Pavé Dimi.
    Joli artictle terminé Cyril.
    Dans les deux cas c'est très interessant.
    Cyril j'aime beaucoup la peinture de tes minifigs.
    Tu as réussi a maintenir les detail grace aux couleurs différente et cela donne des figs très lisible.
    J'attend la suite avec impatience.

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